Manger des animaux : A quel point sont-ils proches de nous ?
Manger des animaux a toujours soulevé beaucoup de questions. Quels animaux sont considérés comme comestibles ou non dépend de plusieurs facteurs. En réalité, chaque culture a ses propres références. La possibilité de manger des insectes en Europe soulève encore plus de questions et ouvrir notre esprit à l’idée de manger des insectes nous amène également à reconsidérer ce que l’on peut considérer être un aliment.
En parlant des insectes comestible, le « Yuk-factor » culturel que l’on peut avoir dans les pays Occidentaux à propos du fait des manger des insectes est souvent mis en avant. « Nous ne mangeons pas d’insectes dans notre culture. »
Quels animaux sont considérés comme comestibles ou non dépend non seulement de la culture et de la situation géographique, mais également de l’époque. Par exemple, une des raisons pour laquelle nous ne mangeons plus d’insectes est la sédentarisation et la naissance de l’agriculture à la fin du paléolithique. Mais, petit à petit, nous recommençons à manger des insectes en France !
Ne mangeant plus de viande mais des insectes, j’ai été interviewé par le journal Français Philosophie Magazine à propos de ma relation sur le fait de manger des animaux.
J’en suis venu à propos d’un autre facteur qui fait que nous mangeons certaines espèces animales mais pas d’insectes en France. Cette théorie a été énnoncé dans le livre du sociologue de l’alimentation Claude Fischler « L’homnivore ». Il y énonce qu’il y’a une échelle de proximité par rapport aux animaux.
Manger des animaux : Ceux que l’on aime, ceux que l’on mange et ceux qui nous effraient, nous font peur.
L’image décrit comment nous pouvons dessiner cette échelle du point de vue de la culture culinaire en France. Il faut noter qu’il existe des tabous concernant le fait de manger certains animaux au sein de chaque culture.
Même si de nombreuses plantes ne sont pas considérés comme comestibles, nous n’allons pas jusqu’au point d’en faire un tabou.
Cette échelle peut être séparée en 3 parties :
- Les animaux trop proches pour être mangés : Nos amis Ces animaux sont nos animaux de compagnie, nos amis. Ils vivent dans nos maisons, ils ont des noms et nous les connaissons bien. Dans cette catégorie d’animaux trop proche pour être considérés comme comestibles, nous pouvons ajouter les singes et particulièrement les chimpanzés. Ils sont si proches de nous, que manger des chimpanzés pourrait s’apparenter à du cannibalisme.
- Les animaux qui sont comestibles: Nos aliments La vie de ces animaux a un « but » : être mangé. Notre culture les a placé à une distance « parfaite » pour que nous puissions les manger. Nous les connaissons assez pour les consommés mais pas assez pour les traiter comme nos compagnons. C’est une relation utilitariste qui nous lient à eux.En France, c’est typiquement la vache, le cochon, la poule le poisson. Il faut quand même ajouter qu’une distance supplémentaire est ajoutée en changeant le nom de l’animal lorsqu’il devient aliment; le cochon devient porc, la vache devient boeuf et la poule devient poulet. Anecdote : Au XVIIIème siècle en France, le cochon était considéré comme un compagnon durant sa vie, il avait un nom et faisait partie de la famille. Peu de temps avant d’être abattu, on lui reproché sa saleté et il perdait son nom, un peu comme si nous souhaitions le remettre à sa place d’aliment.
- Les animaux qui nous font peur, nous impressionnent et que nous ne mangeons pas: Les sauvages C’est le reste, en realité presque tous les animaux rentrent dans cette catégorie. Soit parce qu’ils sont trop sauvages, trop différents ou trop repoussants, il n’est pas culturé accepté ni approprié de manger ces animaux.
- Les zones grises: Sont-ils nos amis, nos aliments ou nos ennemis ? Même si chaque culture définit plus largement quels animaux sont considérés comme bons à manger, il y’a toujours un filtre personnel qui y est ajouté. Au sein des différentes catégories, chacun y dessine les séparation. Certains animaux comme les chevaux sont considérés comme des amis pour certains, une viande pour d’autre. Les sangliers et chevreuils sont « sauvages » et peuvent être impropores à la consommation, ils sont un délicieux gibier pour d’autres.En France, nous sommes réputés pour notre consommation d’huîtres et d’escargots qui sont également répugnants poue beaucoup! Avec le temps qui passe, les insectes comestibles rentrent dans cette zone!
Le paradoxe de manger des animaux
Le paradoxe de manger des animaux a toujours été présent. Avec les avancées scientifiques et notre relation de plus en plus fusionnelles avec nos animaux de compagnie, ce paradoxe est plus grand et légitime que jamais.
Quels animaux peut-on et devrait-on manger soulève de plus en plus de questions; et pas seulement pour notre santé ou pour l’environnement, mais aussi pour l’aspect éthique et moral.Dans les pays occidentaux, nous avons toujours « classé » les animaux en plaçant « Homo sapiens » au sommet. Car c’est notre espèce évidemment, mais également car nous pensions être différents et meilleurs que les autres espèces animales. On a cru pendant longtemps que les êtres humains étaient plus intelligents et avaient des sentiments et émotions plus fortes que les autres espèces animales.Because it is our species, but also because we thought that we are different and better than other animals. De plus en plus de recherches démontrent qu’après tout, nous sommes simplement une autre espèce animale. De nombreuses fonctions de notre cerveau et de nos habitudes proviennent finalement de notre ancestral cerveau reptilien. Notre sens « d’animalité » s’est donc vu croître et nous sommes simplement des animaux parmi d’autres animaux.
Durant les 50 dernières années, le marché des animaux de compagnie a explosé.Alors que chiens et chats étaient avant tous nos compagnons et étaient là pour protéger nos habitations et combattre les nuisibles, ils sont devenus nos meilleurs amis, des membres de la famille. Ils ont des noms, recoivent des cadeaux pour les fêtes et sont envoyés chez le psychologue. Nous savons que les chats et chiens ont leur propre personnalités, des sentiments et émotions fortes. Nous les voyons plus que jamais comme des « semblables ».
Dans le même temps, le développement et l’industrialisation de la production de viande a transformé les animaux en objets. Les associations de protection animale permettent de mettre à la lumière du jour ces problèmes. Alors que nous réalisons que vaches, cochons et poulets ne sont pas si différents que nos chiens et chats, la manière dont nous les traitons est totalement différente.
Il y’a un fossé entre la manière dont sont traités les animaux de compagnie et les animaux d’élevage, et ce fossé n’a jamais été aussi large.Une étude a même montré que la proximité entre les enfants et leurs animaux de compagnie a une incidence sur le fait de devenir végétarien plus tard dans la vie.
Au sein de cet environnement et mode de pensée, est-il concevable de promouvoir la consommation animale, même si ce sont des insectes ? Oui, tout à fait… Au sein des communautés végétariennes et même végans engagés dans la protection animale, cette idée paraît loin d’être obscure et est même accueillie plutôt positivement…
Histoire à suivre…
Ressources et livres sur le fait de manger des animaux
Claude Fischler – L’homnivore (1990)
Personalities on the Plate: The Lives and Minds of Animals We Eat – Barbara King (2017)
Insects as animal food – Hard facts Vs Possible facts – James Mc Williams
Ethical concerns regarding animal use mediate the relationship between variety of pets owned in childhood and vegetarianism in adulthood. (2017) (in Appetite 2017 Dec 7;123:43-48) – Heiss.S & Hormes J.M