Les insectes, un aliment paléo ? – partie 2
Bonjour à tous !
Aujourd’hui, c’est la seconde partie de ma série d’articles sur les insectes et le paléo. Au programme du jour :
- Est-ce que les insectes étaient souvent consommés pendant la période paléo?
- Etaient-ils consommer par choix ou par nécessité ?
- Et pour finir, étaient-ils uniquement une source de protéines?
Avant de commencer : Si vous n’avez pas lu la première partie, je vous y invite juste ici : « Les insectes un aliment paléo? – Partie 1″.
C’est bon, maintenant que tout le monde est prêt, nous pouvons repartir en visite chez nos ancêtres du paléo !
Les insectes un aliment paléo? – Résumé
Le régime paléo est devenu populaire ces dernières années. Il est basé sur l’idée principale que nous devrions consommer que ce que les premiers êtres humains avaient à leur disposition. Cette période était avant l’arrivée de l’agriculture, pendant ces âges où nos ancêtres du paléo étaient chasseurs-cueilleurs et se nourrissaient principalement de légumes, fruits, viandes et graines. Pendant cette période, tout comme aujourd’hui, il y’avait également beaucoup d’insectes…
Malgré le peu d’informations disponible sur ce sujet, il est maintenant clair que nos ancêtres du paléo mangeaient des insectes.
Les insectes étaient-ils souvent consommés au paléo?
Daniella Martin a dédié un chapitre entier à ce sujet qu’elle a intitulé « Le vrai aliment paléo » dans son livre « Edible: An Adventure into the World of Eating Insects and the Last Great Hope to Save the Planet ». Elle a essayé de trouver des indices quant à l’importance des insectes dans le régime alimentaire du paléo.
La réponse est : Nous ne savons pas , nous avons sûrement tout simplement largement sous estimé l’importance et la quantité d’insectes consommés par nos ancêtres du paléo.
Pour avoir une idée un peu plus claire, entrons dans la caverne d’un couple paléo et écoutons la conversation entre Pierre le chasseur et Pierrette la cueilleuse.
- » Aujourd’hui, je vais à la chasse aux mammouths avec mes potes. Ca va être une super aventure, je vais ramener de la nourriture pour au moins un mois et on en parlera pendant des années ! A tout à l’heure ! »
- « Et voilà, c’est reparti, il a surement mangé trop de fruits fermentés… La dernière fois, il s’est presque brisé la jambe en courant derrière cette grosse bête et en plus il y’a 4 chances sur 5 qu’il rentre bredouille… Comme d’habitude, si nous voulons de la nourriture délicieuse et nutritive pour le dîner, je ferais mieux de faire le plein d’insectes pendant que je ramasserais des fruits et des plantes. Hier, j’ai vu une énorme termitière, elle n’a pas dû bouger depuis, elle sera encore là aujourd’hui… En plus, Petit Pierrot va bientôt naître, je pourrais prendre quelques termites directement pour un petit surplus d’énergie. »
Qu’est ce que cela signifie ?
- La chasse de grands animaux étaient une activité principalement réalisée par les hommes .. Ceci devait être considéré comme une activité valorisante au vu du danger, de la taille des proies, de la quantité et du travail en équipe. Mais il devait aussi y avoir beaucoup d’échecs…
- Les insectes étaient abondants et au moins tout aussi nutritifs, relativement faciles à collecter et peu dangereux. De plus, le lieu de leur récolte pouvait être prévisible. Ils devaient être sûrement rammassés par les femmes pendant la cueillette de fruits, légumes, racines et graines.
Même si la capture de grands animaux devait être sûrement plus valorisante, les insectes étaient sûrement souvent servis autour du feu pendant la période paléo.
Comme a écrit l’anthropologue américain Marvin Harris:
« On devait parler de grandes chasses pendant des années autour du feu même si on était entrain de manger des insectes ou ce qui avait été ramené par la femme lors de la cueillette du jour. »
Mais est-ce que cela signifie que les insectes étaient uniquement un aliment de nécessité?
Les insectes : un aliment paléo de choix ou de nécessité ?
Il y’a de nombreuses raisons de croire que les insectes étaient également un aliment apprécié.
Premièrement, dans la première partie « Les insectes, un aliment paléo » je parlais de peintures rupestres décrivant des criquets et une collecte de miel. Même si ce n’est pas une preuve directe, le fait de peindre ces animaux sur les murs devait néanmoins montrer un profond respect et une appréciation pour les insectes.(En fait, peindre sa nourriture sur les murs pendant la période paléo, c’était un peu comme un paléo-instagram!)
Deuxièmement, si l’on compare avec tous les rituels et les totems autour des insectes comestible au sein des peuples de chasseurs-cueilleurs, c’est même un manque de respect total de penser que c’est uniquement un aliment de nécessité… Par exemple, il y’a plusieurs rituels impliquant le ver de palme en Papouasie-Nouvelle Guinée et en Australie, le « Witchetty grub » est considéré comme un animal totem. Tout comme les 2 Milliards de personnes mangeant des insectes actuellement, nos premiers ancêtres devaient les consommer pas uniquement par nécessité mais plutôt par choix et par goût.
Peut-être que si la consommation de grands animaux était tellement appréciée, c’était peut-être tout simple parce que manger un gros mammouth était un évènement rare et spécial. (La paléo grosse dinde de Noël préparée par tonton!)
De leur côté, les insectes étaient une nourriture habituelle ramenée par les femmes, les cuisinières habituelles. (Un peu comme les petits plats préparés tous les jours avec amour par ta maman).
C’est une idée perso, en lien avec une étude actuelle menée en France qui met en avant la « normalisation » et le « manque de gratitude » pour la nourriture quotidienne.
Donc nos ancêtres du paléo ancêtres devaient avoir un réel goût pour les insectes et un profond respect pour cette nourriture. Après tout, c’est normal, les insectes c’est plein de protéines!
Les insectes : La protéine du paléo?
C‘est pour cela que les insectes devaient être consommés pour leur teneur en protéines… En fait, pas uniquement…
En tant qu’humain, primate et même mammifère terrestre, nous sommes génétiquement programmés pour être attiré par la saveur sucrée. Cette saveur signifie que l’aliment est sûr et sain (en tout cas à l’époque !) et c’est une réserve d’énergie disponible immédiatement. Comme cette saveur est la seule que nous aimons naturellement, il est possible que les premiers insectes recherchés au paléo et même avant étaient les insectes sucrés comme la fourmi pot-de-miel ou la larve d’abeille et son miel. Quand on y pense, c’était la première source de sucre pur et concentré…
Les grands félins sont les seuls mammifères terrestres qui ne sont pas naturellement attirés par la saveur sucrée, sauf le tigre du zoo de Beauval qui aime le sirop de grenadine.
Contrairement aux protéines (désolé umami et l’acide glutamique), l’ingestion de graisses est aussi sensoriellement agréable, il est donc probable que les larves grassouillettes étaient elle aussi particulièrement recherchées. De leur côté, les insectes riches en protéines ont peut être été les derniers adoptés.
Comme leurs valeurs nutritionnelles sont très différentes, les espèces d’insectes considérées comme nourriture ne dépendait pas uniquement de la disponibilité et du goût mais aussi du reste des aliments à disposition dans l’environnement.
Grâce au Dr. Victor Benno Meyer-Rochowqui m’a fourni une aide précieuse, je suis maintenant capable de vous fournir un exemple :
- Dans le désert australien, les Bushmen peuvent facilement trouver des protéines maigres en chassant du petit gibier comme les lézards. Par contre, obtenir des quantités suffisantes de graisses et de sucres est plus difficile sous ce climat. C’est pour cela que la douce fourmi pot de miel et la grasse larve de Witchetty sont consommés régulièrement alors que le criquet, riche en protéines et pourtant présent, n’a jamais été réellement considéré comme un aliment.
Enfin, les différents micro-nutriments contenus dans les insectes tels que le fer et le calcium, ont du jouer un rôle important pour le développement et la croissance des femmes en âge de procréer et des enfants..
Si nous retournons encore plus loin dans le passé, les premiers primates étaient principalement frugivores et mangeaient également les insectes se trouvant sur les fruits et le premier primate était un pur insectivore.
Je pensais ne pas avoir oublié trop de choses et puis j’ai lu plusieurs publications scientifiques de Dr. Meyer-Rochow : Les insectes en tant que médicaments auraient pu être utilisés dès les premiers âges… (Boom, une nouvelle fenêtre qui vient de s’ouvrir)Cool, ca me fera un article !
Dans cette partie nous avons vu que :
- Les insects étaient consommés régulièrement durant le paléo
- Cette nourriture était appréciée et respectée
- De part leur grande variété, ils sont un super-méga-aliment qui pouvait trouver sa place dans n’importe quelle régime paléo
.
Alors, pourquoi ne consommons nous plus d’insectes en Occident et pourquoi devrions nous nous y remettre?Que de bonnes questions, cela tombe bien c’est le sujet de la prochaine et dernière partie.
Prenez soin de vous et à bientôt !
Florian
Ressources
Livres :
Anne Dupuy (2013) Plaisirs alimentaires – Socialisation des enfants et des adolescents
Daniella Martin (2014) – Edible: An Adventure into the World of Eating Insects and the Last Great Hope to Save the Planet
FAO (2013) – Edible insects : Future prospects for food and feed security (*)
F.S Bodenheimer (1951) – Insects as Human food
Etudes scientifiques
Julieta Ramos-Elorduy (2009) – Anthropo-entomophagy : Cultures, evolution and sustainaibility.
Joost Van Itterbeeck, Arnold Van Huis (2012) – Environmental manipulation for edible insect procurement: a historical perspective
Mila Tommaseo-Ponzetta (2005) – Insects : Food for human evolution
V.B Meyer-Rochow (2005) – Traditional food insects and spiders in several ethnic groups of North-east India, Papua New Guina, Australia, and New-Zealand.
V.B Meyer-Rochow (2008) – More feared than revered: Insects and their impact on Human Societies (with some specific data on the importance of entomophagy in a Laotian setting).
V.B Meyer-Rochow (2010) – Entomophagy and its impact on world cultures: the need for a multidisciplinary approach
Article très interressant
Merci beaucoup Daniel, c’est très encourageant!