Les insectes, un aliment paléo ? – partie 3
Bonjour à tous!
Aujourd’hui, c’est la troisième et dernière partie de mes articles sur les insectes et le paléo. Pour cette dernière aventure paléo, voici le menu :
- Quand et pourquoi avons-nous de consommer des insectes en Occident ?
- Devrions nous revenir aux insectes ?
Avant de lire cet article, vous pouvez lire ou relire les 2 articles précédents :
- Les insectes, un aliment paléo – Partie 1 : : Qu’est-ce que le régime “Paléo” ? “Les insectes étaient disponibles à cette période? ” “Est-ce que les insectes sont nutritifs?” “Etaient-ils consommés?”
- Les insectes, un aliment paléo – Partie 2 paleo food – Part 2 : « Les insectes étaient-ils souvent consommés au paléo ? » « Etaient-ils consommés par choix ou nécessité ? » « Etaient-ils uniquement une source de protéines ? «
Enfilez votre peau de bête pour la dernière fois, on retourne au paléo !
Les insectes, un aliment paléo ? – Résumé
Le régime paléo est devenu populaire ces dernières années. Il est basé sur l’idée principale que nous devrions consommer que ce que les premiers êtres humains avaient à leur disposition. Cette période était avant l’arrivée de l’agriculture, pendant ces âges où nos ancêtres du paléo étaient chasseurs-cueilleurs et se nourrissaient principalement de légumes, fruits, viandes et graines. Pendant cette période, tout comme aujourd’hui, il y’avait également beaucoup d’insectes…
Malgré le peu d’informations disponible sur ce sujet, il est maintenant clair que nos ancêtres du paléo mangeaient des insectes. Comme ils sont nutritifs et relativement faciles à attraper, les insectes étaient souvent au menu. De plus, ce n’était pas un aliment de famine mais un mets de choix respecté. Pour finir, ils n’étaient pas uniquement une source de protéines mais également une source de lipides, glucides et vitamines.
Mais alors pourquoi ne consomme-t-on plus ces supers aliments en Occident?
Quand et pourquoi avons-nous arrêter de consommer des insectes en Occident?
Le fait de manger des insectes ne s’est vraiment jamais réellement développé en Europe et en Amérique du Nord.
“Manger des insectes a toujours été quelque chose de « tropical » .” Dr. Julie Lesnik
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à consulter son site Internet : www.entomoanthro.org, c’est une vrai experte du domaine
Vous vous souvenez de la scène décrite dans la première partie ? Un climat chaud et humide, beaucoup d’oxygène, le paradis pour trouver des grands et délicieux insectes ?
Et bien, toutes ces belles histoires d’ento-banquets se sont arrêtés lorsque l’être humain s’est installé en zone tempérée.
En zone tempéré, les insectes sont plus petits et ne sont pas présents toute l’année. Comme ils sont moins disponibles, leur place dans le régime alimentaire a diminué et ils ont été remplacés par des plus gros animaux. Oui, Neandertal de son côté, était un bon chasseur.
Les choses ont commencé à se gâter pour nos chers amis à la fin de la période paléo. Quand l’agriculture s’est développée, les insectes, qui eux aussi peuvent se nourrir de produits cultivés mais également envahir les stocks, entraient en compétition directe avec les êtres humains pour obtenir de la nourriture.
La domestication des mammifères, qui étaient plus facile à contenir, qui fournissaient de la nourriture mais également du lait, de la laine et un moyen de transport était aussi une raison du déclin des insectes.
Avec la sédentarisation et l’installation en espace clos, les chers insectes vivants dans les cavernes sont devenus des voisins indésirables et non invités qui envahissent notre espace vital.
De plus, entre l’augmentation de la densité de population et la promiscuité avec les animaux, les insectes pouvaient être un vecteur de maladie.
Jusqu’au XIX ème siècle, il était de croyance populaire que les mouches apparaissaient dans les bouses.
Avec la sédentarisation, l’agriculture, la domestication et la perte progressive de la connection avec la nature le « super paléo aliment » du climat tropical est devenu le « super néolithique nuisible » du climat tempéré.
Même si la consommation d’insectes n’a jamais été une partie importante du régime alimentaire occidental, il y’a des traces de consommation d’insectes à différentes périodes de l’histoire.
Alors, si les insectes n’ont jamais vraiment fait partie de notre régime, devrions-nous faire comme nos ancêtres du paléo, et retourner aux insectes?
Devrions-nous revenir aux insectes?
Nous voici à la dernière partie … Au départ, j’avais dans l’optique d’écrire un long paragraphe « Pourquoi nous devrions manger des insectes » dans le but de vous convaincre mais j’ai changé d’avis.
Mais comme je l’ai compris en lisant toutes ces études, manger est l’acte le plus personnel qui soit, nous nous exprimons par nos choix alimentaires et nos manières de manger.
Ainsi, je dirais seulement que si nos premiers ancêtres mangeaient des insectes avec respect, si les derniers chasseurs-cueilleurs les cherchent ardemment et que plus de 3 milliards de personnes les considèrent comme un mets de choix, les insectes sont peut-être plus un peu plus qu’une « mode »…
Terminons par une pensée personnelle : En 1985, l’anthropologue américain Marvin Harris écrivait que nos choix alimentaires étaient fait selon le principe de coûts et bénéfices : « Combien de calories et de temps étaient nécessaires pour obtenir une certaine quantité de nutrioments »?
Même si cette théorie ne prend en compte ni les goûts ni l’aspect culturel, nous pouvons essayer de l’adapter aux enjeux actuels : « Quelle quantité d’eau, d’énergie, d’espace et de sous-produits sont nécessaires pour obtenir une certaine quantité de nutriments? »
Dans ce cas, oui nous devrions peut-être revenir aux insectes car nos choix alimentaires ont un réel impact sur le monde présent et le futur. Et la consommation d’insectes présente de nombreux intérêts.
C’était profond tout ceci … Voici quelques extraits d’un ancien ouvrage pour clôturer la série.
Quelques paléo citations d’un ancien ouvrage
L‘hypothèse que la consommation d’insectes est liée à l’évolution humaine ne date pas d’hier. Déjà en 1941, cette idée a été développée par le Docteur Emile Bergier dans son livre « Insectes comestibles et peuples entomophages« .
Je vous ai sélectionné quelques passages :
L’Insecte a toujours été pour l’Homme, aux origines mêmes de son espèce, et reste l’un des premiers éléments naturels de son alimentation.
Les peuples qui mangent des insectes sont une survivance du vieux type primitif, car l’homme n’est point carnivore par sa nourriture primitive ; s’étant développé en partant d’une source insectivore, il n’est arrivé à manger de la chair que dans un état déjà avancé de son développement. »
Voilà, cette histoire des insectes et le paléo touche à sa fin … J’espère que vous avez pris du plaisir à me suivre dans mes aventures. (Si cela se trouve, vous avez même peut-être appris quelque chose!)
Prenez soin de vous et à bientôt!
Florian
Pour plus d’informations :
Livres et sites internet :
Docteur Emile Bergier (1941) – Insectes comestibles et peuples entomophages.
Daniella Martin (2014) – Edible: An Adventure into the World of Eating Insects and the Last Great Hope to Save the Planet
FAO (2013) – Edible insects : Future prospects for food and feed security (*)
F.S Bodenheimer (1951) – Insects as Human food
http://www.entomoanthro.org : Le site internet du Dr. Julie Lesnik une experte en anthropologie et entomophagie.
http://askentomologists.com/2015/02/09/why-dont-we-eat-bugs-in-western-culture : Une interview du docteur Julie Lesnik « Why we don’t eat bugs in Western culture? »
Etudes scientifiques
Julieta Ramos-Elorduy (2009) – Anthropo-entomophagy : Cultures, evolution and sustainaibility.
Joost Van Itterbeeck, Arnold Van Huis (2012) – Environmental manipulation for edible insect procurement: a historical perspective
Mila Tommaseo-Ponzetta (2005) – Insects : Food for human evolution
V.B Meyer-Rochow (2005) – Traditional food insects and spiders in several ethnic groups of North-east India, Papua New Guina, Australia, and New-Zealand.
V.B Meyer-Rochow (2008) – More feared than revered: Insects and their impact on Human Societies (with some specific data on the importance of entomophagy in a Laotian setting).
V.B Meyer-Rochow (2010) – Entomophagy and its impact on world cultures: the need for a multidisciplinary approach